12 mars 2025 Trouver refuge au Musée de la civilisation : une exposition à ressentir, un récit vivant à découvrir
Il est difficile de s’imaginer ce que peut vivre une personne forcée à l’exil. Comment assurer sa survie ? Comment apprendre à vivre ailleurs que chez soi, où tout est différent ? Comment se reconstruire dans cette nouvelle terre d’accueil ? L’exposition Trouver refuge, inspirée de la vie de Mohammed Shofi, conçue et réalisée conjointement avec MÖ FILMS et les artistes Mélanie Carrier, Olivier Higgins et Karine Giboulo, tente de percer cette réalité difficilement saisissable en proposant un voyage prenant et humain au cœur de la réalité des Rohingyas, peuple apatride de Birmanie. Mohammed Shofi y raconte son récit, de son enfance dans un camp de réfugiés au Bangladesh à son arrivée au Québec, faisant écho aux millions d’autres personnes qui ont dû fuir pour trouver refuge.
C’est par le croisement de deux univers, l’un sonore et l’autre visuel, alliant le réel et l’imaginaire, que ce récit hors du commun prend vie. Les sons authentiques — la voix de Mohammed, les bruits du camp et ceux de son quotidien actuel — composent un parcours sonore immersif inédit, issu d’une démarche documentaire des cinéastes Mélanie Carrier et Olivier Higgins (MÖ FILMS). Les visiteurs et visiteuses, munis d’un casque d’écoute haute technologie créant un véritable tête-à-tête, sont plongés dans cette histoire à la fois lumineuse et bouleversante, qui se ressent tout autant qu’elle s’écoute. Trouver refuge s’inscrit, par ailleurs, en continuité du documentaire primé Errance sans retour (MÖ FILMS, 2021), tout premier film en langue rohingya et dont Mohammed Shofi en est le narrateur. Cette relation unique et profonde qui lie les cinéastes et ce dernier nourrit l’approche intime et authentique qui caractérise cette exposition.
Se juxtaposant à ce parcours sonore, à la manière d’un livre animé, les fascinants dioramas (maquettes) de l’artiste de renommée internationale Karine Giboulo présentent diverses étapes de la vie de Mohammed : du camp de Kutupalong à son arrivée à l’aéroport de Québec, de son HLM dans Saint-Sauveur aux Galeries de la Capitale où il travaille, de son mariage à la naissance de ses enfants… Toute une vie, dont les parts d’ombres et de lumières s’entrecroisent, laissant voir toute la résilience qu’un cœur peut contenir. Une exposition à vivre, du 13 mars 2025 au 4 janvier 2026 au Musée de la civilisation.
Citations
« C’est à travers des projets comme Trouver refuge que le Musée de la civilisation incarne parfaitement sa mission. Donner la parole, faire ressentir et réfléchir, aborder des sujets, souvent complexes, avec justesse, sensibilité et créativité. Enfin, montrer le large spectre de l’expérience humaine et ses infinies réalités. Celle de Mohammed en est une de courage, de force et d’humanité. Dans l’approche caractéristique de Mélanie Carrier et Olivier Higgins, où poésie et vérité sans filtre se mêlent, elle nous est offerte, comme un cadeau précieux, magnifié des œuvres de Karine Giboulo. »
Julie Lemieux, directrice générale, Musée de la civilisation
« Je suis vraiment heureux d’avoir la chance de vous raconter mon histoire, qui est aussi celle de mon peuple, le peuple Rohingya. Je suis très touché à l’idée de penser que des gens vont se déplacer au Musée de la civilisation pour venir l’entendre. Je vous en remercie beaucoup et au plaisir de se rencontrer. »
Mohammed Shofi
« Mohammed Shofi est entré dans nos vies à la suite de la réalisation de notre documentaire Errance sans retour, dont il est le narrateur. Il est alors devenu un ami. Son récit de vie empreint de courage et de résilience nous a profondément bouleversés. C’est ainsi qu’est née l’idée de l’exposition Trouver refuge : partager son histoire unique, qui fait écho à celle de millions d’autres, dans une démarche documentaire empreinte d’empathie, d’ouverture et de poésie, où l’intime est profondément lié à l’universel. Pour nous, écouter l’histoire de l’autre nous amène toujours à mieux nous rencontrer. Ouvrir des portes, semer quelque chose, proposer un regard différent, tout cela pour nous ramener à ce qu’il y a de beau et de fort en l’humain. »
Olivier Higgins et Mélanie Carrier, MÖ FILMS
« À travers mes sculptures, j’ai voulu donner corps à l’histoire de Mohammed Shofi et, d’un même souffle, rendre tangible l’humanité de son peuple, déraciné par la violence et l’oppression. Retracer son parcours, comprendre son exil, sa résilience et sa détermination face aux épreuves, mais aussi saisir son désir d’enracinement et son déchirement face aux siens toujours dans le camp a été une expérience profondément émouvante. Aujourd’hui, alors que l’intolérance s’immisce dans les discours et les politiques, cette exposition résonne plus que jamais. L’histoire de Mohammed nous rappelle une vérité essentielle : notre humanité est partagée. Elle nous invite à écouter, à comprendre et à reconnaître l’autre, non pas comme un étranger, mais comme un semblable. »
Karine Giboulo
Informations additionnelles
Mohammed Shofi
Le Rohingya Mohammed Shofi est né dans le village de Buthidaung situé dans l’État d’Arakan en Birmanie. En 1990, il fuit son pays natal en raison des violences commises par des nationalistes birmans envers la minorité musulmane rohingya. Pendant 18 ans, il habite le camp de réfugiés de Kutupalong au Bangladesh, avant d’être accueilli au Canada en novembre 2008, en tant que réfugié. Avec des membres de sa famille, il s’installe alors à Québec. Très engagé dans sa communauté, il apprend rapidement le français. En plus de participer à la traduction du long métrage documentaire Errance sans retour, il en devient le narrateur. Aujourd’hui, Mohammed Shofi partage son récit de vie dans l’exposition Trouver refuge.
Karine Giboulo
Au cours des 20 dernières années, Karine Giboulo s’est fait connaître par la création de dioramas miniatures, des représentations tridimensionnelles de situations réelles ou imaginaires qui racontent des histoires du quotidien. Coloré et ludique, son langage visuel attire des spectateurs de tous âges. Son esthétique de bande dessinée séduit et porte à réfléchir à des thèmes sérieux. Son œuvre fait écho aux défis sociaux et humanitaires de notre époque, soulevant des questions éthiques relatives aux modes de vie occidentaux. Elle a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives, notamment au Gardiner Museum, à la Collection McMichael d’art canadien, au Art Gallery of Hamilton, au Musée national des beaux-arts du Québec et au Musée des beaux-arts de Montréal. Son travail est grandement représenté dans des collections privées et institutionnelles.
MÖ FILMS
Cinéastes et producteurs, Mélanie Carrier et Olivier Higgins sont établis à Québec. Fondateurs de MÖ FILMS, leurs documentaires Asiemut, Rencontre et Québékoisie sont primés à de nombreuses reprises, en plus d’être traduits en une vingtaine de langues et diffusés un peu partout à travers le monde. En 2021, leur film Errance sans retour, proposant une immersion dans le camp de réfugiés de Kutupalong, est acclamé par la critique et remporte le prix Écrans canadiens ainsi que le prix Iris du meilleur film documentaire. Le couple de cinéastes conçoit aussi l’exposition Errance sans retour qui reçoit le prix Coup de cœur du jury de la Société des musées du Québec. Avec son cinquième film, À hauteur d’enfant, le duo poursuit son œuvre qui se caractérise par une exploration sensible et poétique des réalités humaines complexes pour se questionner sur notre rapport au monde. La conception de l’exposition Trouver refuge s’inscrit dans cette démarche et souligne l’importance d’écouter l’histoire de l’autre pour mieux se rencontrer.
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