13 octobre 2023 Par Florence-Léa Siry Cuisiner sans gaspiller, aujourd’hui, pour demain
La cuisine zéro gaspillage attire de plus en plus l’attention. Pas surprenant avec les changements climatiques qu’on ne peut malheureusement plus nier… Certain.es pensent, à tort, que l’approche antigaspi se résume à ne manger que nos déchets alimentaires. Imaginez combien la vie serait triste, si on devait se forcer à manger systématiquement les fanes de carottes! Je vous rassure tout de suite. La cuisine zéro gaspillage n’a rien de restrictif, au contraire! C’est, à mon avis, la façon la plus créative, économique et efficace de cuisiner.
Laissez-moi vous en faire la démonstration en 3 étapes.
Étape 1 : Les habitudes de consommation. L’art de consommer en prévision de moins gaspiller
La cuisine zéro gaspi n’est pas une tendance culinaire, mais un mode de vie ! Donc, pour s’initier à ce mode de vie, il faut d’abord analyser ses habitudes de consommation. Pas le choix ! Et c’est probablement l’étape la plus difficile, puisqu’elle nous confronte à cette réalité qu’on évite de regarder.
« C’est juste un petit cœur de pomme » ou « Ah ! ça ne doit plus être bon, la date de péremption était hier » ou encore « La portion était trop grande, je ne pouvais pas en acheter moins… » Toutes ces raisons sont bonnes pour gaspiller, mais vous avez le pouvoir de l’éviter.
L’autodiagnostic vous permettra de noter les aliments que vous gaspillez au quotidien et de réaliser l’impact qu’ils ont sur votre compost, mais surtout sur votre portefeuille. Car on ne gaspille pas une demi-pomme pour la même raison qu’on gaspille un reste de protéine ou un demi-sandwich.
Tous les jours, pendant une période choisie, notez ce que vous gaspillez, la quantité et la raison. Est-ce parce que vous en avez acheté une trop grande quantité ou si l’aliment était déjà en fin de vie ? Le gaspillage s’est-il déclenché à cause d’une mauvaise méthode de conservation ou si c’est après l’avoir cuisiné ? Était-ce un aliment entier ou un reste de repas ?
En prenant le temps de noter, pendant quelques jours ou semaines vos pratiques de consommation, vous apprivoiserez cette vilaine habitude que vous avez de jeter plutôt que de consommer. Naturellement, vous serez plus sensible à la cause. Et par-dessus tout, cette étape vous permettra d’apprivoiser votre propre rythme et d’éviter de tomber dans le piège de la performance. Un jour à la fois, vous apprendrez à prendre de meilleures décisions qui vous feront sauver plusieurs aliments du triste sort du gaspillage alimentaire.
Prenons l’exemple du brocoli. En hiver, le brocoli arrive de loin. Une fois bien présenté sur l’étalage du supermarché, il ne serait pas surprenant qu’il soit déjà en fin de vie. Difficile alors de le ressusciter, ou même de trouver la motivation pour le cuisiner, une fois à la maison.
Mon autodiagnostic personnel m’a fait découvrir que je conservais plus longtemps le brocoli lorsque je le plongeais dans l’eau. J’ai donc pris l’habitude de manger les fleurons en priorité et de cuisiner les tiges en un deuxième temps.
L’autodiagnostic peut se faire plusieurs fois par année. Les résultats seront peut-être différents selon la saison. C’est du moins ce que j’ai découvert en faisant un deuxième autodiagnostic à l’été. J’ai compris que je pouvais manger un brocoli par semaine, voire même deux,, mais qu’à l’hiver, je le gaspillais presque systématiquement ! Pour remédier à la situation, j’achète des brocolis congelés en hiver, car je sais que je mangerai 100 % du contenu du sac.
Et le sac ? Je sais, c’est un déchet que j’aurais pu éviter… Mais attention, ce sac n’a pas dit son dernier mot ! Je le conserve pour congeler du brocoli la prochaine fois qu’il sera beau et appétissant à l’épicerie. Je le blanchis un petit trente secondes, avant de l’essorer et de finalement le congeler. La prochaine fois, je ferai l’épicerie dans mon congélateur plutôt qu’au supermarché !
Étape 2 : La cuisine vide-frigo. L’art de laisser son frigo nous dicter quoi manger!
La seconde étape est de vous laisser inspirer par le contenu de votre frigo plutôt que de cuisiner selon vos envies. Plus vous améliorerez vos habitudes de consommation, plus vous développerez ce réflexe aussi créatif qu’économique.
Ici aussi, vous devez partir de vous. Pour laisser l’inspiration monter, même après une difficile journée au travail, vous n’avez qu’une petite question à vous poser « qu’est-ce que j’aime manger ? ». En dressant une liste rapide de vos plats préférés, vous vous rapprocherez de la réponse, surtout grâce à la seconde question : « quels aliments disponibles pourraient me permettre de réaliser rapidement cette recette ? ».
Revenons à l’exemple du brocoli. Si vous avez un reste de pomme de terre au frigo, vous pourrez décider de tailler finement votre vieux brocoli, de le mélanger avec ce fameux reste de patates et de crème sûre, puis de le gratiner avec le fond du sac de fromage râpé… Et voilà ! En moins de 5 minutes, vous aurez créé un repas vide-frigo sans effort, composé de tout ce que vous auriez autrement gaspillé !
Ah oui, et pourquoi ne pas l’accompagner d’une salade de chou aux pieds de brocoli ? J’ai trouvé cette idée au supermarché, lorsque j’ai lu les ingrédients du mélange à salade de chou que je m’apprêtais à acheter.
Étape 3. Le concept des 1, 2, 3 vies. L’art de l’optimisation
Avez-vous déjà donné plusieurs vies à un surplus ? Je ne parle pas de vous forcer à le manger sur plusieurs jours consécutifs, non ! Je parle plutôt de manger la même chose, sans que ça paraisse (mon plus grand talent, hihi !). La dernière étape est la plus créative, car c’est l’art de développer le réflexe de décliner les surplus pour éviter de faire un achat qu’on aurait éventuellement gaspillé.
Que feriez-vous de votre surplus de pomme de terre farcie ? Avez-vous pensé à la transformer en galette végé ? La bonne nouvelle, c’est que ça vous prendra encore une fois moins de cinq minutes pour y arriver. Vous n’aurez qu’à écraser les surplus et d’ajouter un peu de fromage, et, au besoin, un œuf et/ou de la chapelure pour lier le tout. Vous pourrez la faire cuire au four et la manger comme base de repas, en accompagnement d’une soupe, ou même comme burger.
Une fois que vous aurez développé vos réflexes zéro gaspillage, vous réaliserez que les aliments se divisent en plusieurs catégories. Un surplus de couscous peut simplement remplacer un restant de pomme de terre ou de pâte. Normal, c’est un féculent ! Même chose avec les « sucrant » ou les condiments.
Alors cette fameuse galette de pomme de terre, brocolis et fromage deviendra une boulette de brocoli au couscous et fromage la semaine prochaine!
Gardez en tête que le mode de vie zéro gaspi, c’est le concept d’économie familial de nos grands-mères modernisé. Vous ferez des économies considérables tout en réduisant le temps de préparation et votre consommation énergétique. Vous ne partirez plus jamais de zéro, vous serez toujours en train de rebondir sur un surplus qui vous aura inspiré afin d’éviter de jeter de la nourriture inutilement.
Soyez fier.ère de montrer l’exemple! La cuisine zéro gaspi sera votre meilleure alliée. C’est le plus beau legs que vous pourrez laisser aujourd’hui, pour les adultes de demain.
À propos de Florence-Léa Siry
Elle est experte de la lutte au gaspillage alimentaire et de la réduction des déchets. Son métier l’amène à animer plus de 100 conférences par année, aux quatre coins du Québec. Autrice de plusieurs livres, son approche créative et ludique est porteuse. À l’automne 2022, elle a gagné plusieurs prix pour ses livres et pour son implication sociale, dont celui de Jeune leader dans la catégorie « responsabilité sociale » du 45e gala ARISTA! Florence-Léa déborde de solutions pour participer au changement. Elle vous outillera à réduire votre gaspillage, mais surtout, elle vous motivera à avoir un impact positif sur l’environnement dans le plaisir!
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