19 mars 2024 La lutte au Musée avec Ex Machina et Robert Lepage
Le Musée de la civilisation, la compagnie de création Ex Machina et son directeur artistique Robert Lepage présentent Lutte. Le Québec dans l’arène, une exposition où art théâtral et muséologie s’imbriquent pour mettre en scène la lutte, ses personnages et son évolution au Québec, comme on ne l’a jamais vu. Thématique rarement mise en valeur dans l’histoire de la muséologie au Québec, elle est ici mise à l’avant-scène dans une scénographie fidèle aux approches et à l’audace d’Ex Machina, de Robert Lepage et du Musée de la civilisation, à la façon d’un théâtre d’images et d’effets d’optique, doublé d’une fresque historique, sociale et culturelle.
Nul besoin d’être fan de lutte pour deviner à quel point cet univers est particulier. Sport ? Divertissement ? Théâtre ? Cirque ? Toutes ces définitions peuvent être justes, et dépendent du regard que l’on pose sur le sujet. Pratiquée depuis des temps immémoriaux et dans toutes les cultures, la lutte exprime un instinct primitif présent en chacun de nous, qui va bien au-delà des artifices que l’on y associe. Elle prend son sens autant sur le ring qu’autour du ring, créant une catharsis, du moins une émotion certaine, chez les spectateurs et spectatrices, de tous horizons.
Voilà la prémisse sur laquelle s’articule cette exposition originale qui permet également de voir en filigrane les mutations sociales et culturelles de la société québécoise par le truchement de l’évolution de la lutte, un prisme d’observation insoupçonné mais fascinant, qui nous fait voir à quel point ces deux dimensions se conjuguent et se répondent.
De la grange au Madison Square Garden, dont on peut notamment expérimenter un dispositif reproduisant à l’échelle cet amphithéâtre mythique dans l’exposition, on y traverse les époques charnières de la pratique de la lutte, de son industrie et de ses lieux et symboles. Des Louis Cyr et autres hommes (et femmes !) fort.es qui ont captivé les publics par leurs démonstrations surhumaines, on se déplace de la campagne à la ville, en passant par l’avènement de la télévision, créant un phénomène et élevant les lutteurs et lutteuses au rang de vedette internationale. Les différentes prises de luttes, les types de lutte dans le monde et dans l’histoire des civilisations et autres dimensions anthropologiques et culturelles sont des notions également abordées dans cette exposition rassembleuse.
L’approche de création, si distinctive d’Ex Machina et Robert Lepage, s’y retrouve. On raconte une histoire par le biais de dispositifs jouant avec les perspectives et qui nous émerveillent, recourant aux technologies visuelles anciennes telles que le mutoscope, le praxinoscope ou la lanterne magique, la stéréoscopie ou encore le fantôme de Pepper ou spectre de Pepper (Pepper’s ghost). Près de 500 objets composent un corpus éclectique, dont 363 proviennent de la collection de Jean-François Leduc, collectionneur de Montréal. Les autres éléments sont issus des collections du Musée de la civilisation ou ont été empruntés à diverses personnes, musées, organisations, dont la mythique WWE, et évidemment à plusieurs anciens lutteurs professionnels.
« Cette exposition, c’est le spectacle au musée, c’est la lutte comme une histoire qu’on raconte. Autant le sujet que la façon dont il est abordé fascinent, à l’image de la magie que crée toujours Ex Machina et Robert Lepage. Le Musée a eu un réel bonheur de collaborer avec cette équipe, de partager nos expertises et livrer, ensemble, Lutte. Le Québec dans l’arène, qui explore la lutte, mais qui nous expose aussi, comme humains et comme société, à la manière d’un révélateur. » Stéphan La Roche, président-directeur général, Musée de la civilisation
« La lutte est à mes yeux une discipline artistique extrême, mariant l’art du combat avec les arts du cirque et du théâtre. En m’intéressant de plus près à son histoire, j’ai constaté qu’elle exprime aussi toute la culture d’un peuple. La lutte est une autre façon de raconter les grandes époques de l’histoire du Québec, à partir des hommes forts des siècles derniers jusqu’à nos héros-lutteurs contemporains. » Robert Lepage, directeur artistique, Ex Machina
Faits saillants :
- C’est le thème de la lutte qui a inspiré Ex Machina et le Musée de la civilisation à unir leurs talents dans le cadre de cette troisième collaboration, après Métissages (2000) et La bibliothèque, la nuit (2016). Les pourparlers entre le Musée de la civilisation, Ex Machina et Robert Lepage, passionné par cet art de combat, se sont amorcés en 2020.
- Plusieurs des objets exposés représentent de véritables trésors historiques de la lutte au Québec. Sur un total de 493 objets composant le corpus, 57 proviennent des collections du Musée de la civilisation, 70 ont été empruntés à divers personnes, lutteurs, musées et organisations et 363 proviennent de la collection de Jean-François Leduc, collectionneur de Montréal. Ce prêt a rendu possible l’exposition des costumes de Tiger Jackson (Claude Giroux, de son vrai nom) et de nombreux produits dérivés et objets de collection rares qui rappelleront des souvenirs émouvants aux amateurs et amatrices de lutte et fascineront les esprits curieux.
- Parmi les prêteurs, on retrouve également Raymond Rougeau, Jacques Rougeau, Richard Vigneault alias Rick Martel, Gino Brito, Lionel Provost, des membres de la famille de Yvon Robert, ainsi que le célèbre lutteur québécois Kevin Owens.
- Pat Laprade, animateur et historien de la lutte, a également contribué par l’apport de ses collections personnelles et en nous permettant d’entrer en contact avec des personnalités de la lutte, en plus d’agir à titre de consultant au cours de la création.
- La World Wrestling Entertainment a prêté des objets ayant appartenu à André The Giant, bien connu au Québec sous le nom du Géant Ferré, Pat Patterson, Luna Vachon, Ivan Koloff, Rick Martel, Kevin Owens, Sami Zayn et Jacques Rougeau dans son personnage « The Mountie ».
- Le Royal Ontario Museum de Toronto et le Musée Saint-Raymond de Toulouse (France) ont généreusement accepté de prêter des objets précieux de la Grèce antique. Ceux-ci sont mis en valeur dans un environnement où le public peut observer différents témoins matériels représentant quelques formes de luttes pratiquées dans l’histoire et les cultures du monde. À ce titre, l’olympien et judoka Nicolas Gill a prêté son judogi afin de présenter le judo, art martial japonais bien connu.
- Représentatif de la rigueur exceptionnelle dont ont fait preuve les équipes de création et de réalisation, les reconstitutions présentées dans l’exposition via des maquettes de toutes tailles ont été réalisées avec un grand souci du détail, tant au niveau des proportions architecturales que des matériaux utilisés.
- La North Shore Pro Wrestling, nommée meilleure fédération de l’année au Québec au cours des 13 dernières années, fait la promotion de la lutte professionnelle au Québec depuis 15 ans. Du Centre Horizon de Limoilou au Diamant, sa popularité ne cesse de croître, avec un bassin d’amateurs et d’amatrices de plus en plus grand et diversifié. Ses lutteurs Marko Estrada, Travis Toxic et Loue O’Farrell ont participé au tournage d’une projection d’envergure qui occupe une place centrale dans l’exposition et qui présente différentes prises de luttes.
À propos d’Ex Machina et Robert Lepage
Sous la direction artistique du metteur en scène Robert Lepage, Ex Machina crée, produit et diffuse des œuvres artistiques multidisciplinaires, le plus souvent à dominante théâtrale. La compagnie regroupe des créateurs et créatrices de plusieurs champs d’activité et offre une production artistique variée : pièces de théâtre originales écrites et interprétées en solo ou collectivement ; pièces fondées sur des textes existants ; productions où diverses disciplines (danse, musique, muséologie) se mêlent au théâtre ; des opéras et des productions multimédias où la dimension technologique est prépondérante. Artiste multidisciplinaire, Robert Lepage est à la fois acteur, réalisateur, auteur dramatique et metteur en scène. Saluées par la critique internationale, ses œuvres originales, contemporaines et insolites, inspirées par l’histoire récente, transcendent les frontières et bouleversent les standards en matière d’écriture scénique, notamment par l’utilisation des nouvelles technologies.
Au sujet du Musée de la civilisation
Le Musée de la civilisation propose une expérience culturelle éducative et interactive qui fait naître l’émotion et laisse le public transformé depuis plus de trois décennies. Lieu de savoir et d’idées, ce musée de société jette un regard neuf, souvent inattendu, sur l’expérience humaine. Grâce à ses expositions originales et audacieuses, petits et grands sont transportés dans de multiples univers, au centre des grandes villes du monde, au milieu de mouvements socioculturels marquants, au cœur de la société québécoise ou de moments marquants de l’histoire. Un lieu où l’on se rassemble pour mieux comprendre le passé, construire le présent, rêver à l’avenir et vivre le monde, ensemble.
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