10 janvier 2025 Documenter la transformation numérique L’intégration du game design dans les expositions

Par Mélanie Larouche

Le Musée de la civilisation (MCQ) a trouvé dans le game design (principes de conception d’un jeu vidéo) une façon innovante de pousser encore plus loin le développement de ses expériences interactives. Puissant outil de création et de médiation, la technologie du game engine (moteur de jeu) contribue à créer des expériences muséales particulièrement dynamiques avec un fort degré d’interaction. Grâce aux théories apprises lors d’une formation, l’équipe du Musée a pu par exemple proposer, dans l’exposition Pour demain, un parcours personnalisé en temps réel qui génère des réponses différentes pour chaque visiteur ou visiteuse, selon ses choix et son approche du parcours.

« La connaissance des concepts entourant le game design et leur mise en application, aussi bien du côté de la conception d’une expérience que du côté de l’implantation technologique est désormais un précieux atout dont disposent nos équipes, explique Olivier Girard, chargé de projets numériques au MCQ. Cela offre d’infinies possibilités d’actions et de contributions entrantes pour interagir dans une exposition. La technologie du game engine permet quant à elle de générer des contenus en temps réel. »

Guillaume Loubier-Jacques, chargé de projets multimédias et audiovisuels, est l’initiateur de l’utilisation d’un game engine au Musée. Olivier, grand fan de jeux vidéo et de la série Star Wars, a vite été identifié pour faire partie de sa garde rapprochée. À l’idée d’intégrer un moteur de jeu vidéo dans les expositions s’est rapidement greffée celle de former les équipes par des professionnels du domaine. Un projet d’incubateur d’innovation a été créé en 2021 et le feu vert a été donné en janvier 2022.

« Les entreprises cinématographiques font maintenant appel aux moteurs de jeux vidéo pour générer des décors, fait remarquer Olivier. Le MCQ a donc voulu savoir comment il pourrait utiliser cette technologie dans ses expositions pour développer un autre aspect expérientiel. On s’est cependant aperçu qu’au-delà de la technique, la toute première étape était d’apprendre et de comprendre les notions nécessaires à la création d’un jeu vidéo, le game design. »

Habituellement, l’équipe suit un concept linéaire pour concevoir ses expositions, elle travaille d’une séquence à une autre. Le moteur de jeu vidéo propose plutôt une expérience qui se bâtit autour du visiteur, il en est le héros. « Ce genre d’expérience se vit en temps réel, le « joueur » est libre de faire ce qu’il veut, ce qui fait qu’aucune expérience n’est identique à une autre », précise Olivier.

Une formation sur mesure pour le MCQ

Le MCQ a mandaté un game designer d’Ubisoft, Jonathan Bédard, pour bâtir une formation sur mesure pour les équipes de projets numériques. « Jonathan nous a monté une formation accélérée, souligne Olivier. On a découvert grâce à lui toute la nomenclature du game design. On s’est aperçu qu’on était déjà attentif à ces aspects au MCQ, sans toutefois avoir le même langage. On a vite réalisé à quel point cette formation nous sera utile pour travailler à créer de nouvelles expériences. »

Le formateur continue d’offrir à l’équipe un accompagnement pratique pour l’intégration des principes de conception d’un jeu vidéo dans les projets. « Il a aussi été convenu que ceux qui ont reçu la formation transmettront leurs apprentissages au reste des collègues du Musée, mentionne Olivier. Ça va continuer à faire des petits. La formation en game design est utile à tous les acteurs de création afin qu’ils parlent le même langage et en saisissent bien les concepts. On a compris combien il est important pour nous de maîtriser les outils d’intégration pour travailler avec un moteur de jeu. On voit maintenant mieux quand il est plus opportun d’utiliser cette technologie ou ces concepts théoriques dans nos expositions. »

Une technologie de plus en plus présente

Les équipes du Musée travaillent sur d’autres projets intégrant un moteur de jeu, car cette technologie a l’avantage de leur permettre de tester et de réaliser nombre d’ajustements très rapidement en amont de l’ouverture d’une exposition, ce qui représente un grand atout. Une nouvelle exposition sur le hip-hop est entièrement intégrée en game engine, souligne Olivier, avec l’utilisation d’un dispositif audio individuel modulant automatiquement les contenus selon la trajectoire personnalisée du visiteur ou de la visiteuse. La nouvelle exposition permanente sur le Québec qui paraîtra en mai 2024 proposera quant à elle une fresque des quatre saisons dans laquelle vont défiler divers paysages québécois. « L’équipe de projets travaille à ce que les transitions et les animations dans la fresque soient réalisées par un moteur de jeu afin de capter l’attention et de garder l’intérêt du visiteur tout au long de l’expérience. »

À propos de Documenter la transformation numérique

Dans le but de mettre en valeur l’expertise acquise à la suite de la mise en œuvre de sa stratégie numérique 2019-2022, le Musée de la civilisation propose une série de billets. Ces billets ont pour objectif de documenter la transformation numérique et de partager la démarche de réalisation de certains projets. Le présent texte fait partie de cette série.