Accéder au contenu de la page Aller au pied de page

15 octobre 2024 Documenter la transformation numérique Le défi de numériser 35 ans d’archives audiovisuelles sous différents formats!

Par Mélanie Larouche

Utiliser les fonctionnalités d’une ancienne technologie d’appareil d’échographie pour réussir à lire un document audiovisuel vieux de plusieurs décennies, voilà entre autres ce que Louis Lamontagne s’est évertué à faire dans le cadre de son mandat de numérisation des archives audiovisuelles institutionnelles pour le Musée de la civilisation (MCQ). À travers son périple parfois ardu, ce « patenteux » des temps modernes est souvent parti à la recherche de matériel à vendre, des équipements très usagés totalement désuets, mais essentiels à sa mission, pour pouvoir récupérer des archives et les numériser afin d’assurer leur pérennité.

« Quand j’ai appris récemment que Radio-Canada se débarrassait d’équipements analogiques, il était malheureusement trop tard, j’avais enfin réussi à trouver sur le marché de l’usager ce dont j’avais besoin, mais je les ai quand même récupérés, on n’est jamais trop prudent », souligne en riant le technicien.

Il faut savoir que le Musée cumule plus de 35 ans d’archives audiovisuelles institutionnelles de toutes sortes conservées sur différents supports. Depuis quatre ans, Louis Lamontagne, technicien audiovisuel pour le Musée, s’est attelé à la tâche de cataloguer tous ces documents pour ensuite les numériser. À quelques semaines de sa retraite, l’homme raconte sa laborieuse expédition avec l’humour détaché qui le caractérise. S’il a parfois dû se casser la tête pour trouver certains équipements, voire les concevoir lui-même pour pouvoir lire le contenu de certains documents, il est bien heureux d’avoir pu récupérer la plupart d’entre eux afin de sécuriser les contenus.

Numériser et sécuriser les contenus

« Ce projet vise à numériser, mais surtout à sécuriser les contenus, explique M. Lamontagne. Certains documents se détériorent rapidement. Étonnamment, ceux qui se dégradent le plus rapidement sont les CD et DVD, ils ne passent pas le test du temps. J’ai dû faire de la restauration pour aller chercher la substance de certains documents à la limite du lisible. Aussi, j’ai débuté le catalogage sommaire du matériel numérisé. Certains n’étaient pas du tout documentés, d’autres même pas identifiés. Beau défi! »

L’aventure a débuté un peu avant la pandémie, en 2019 et 2020. « Je faisais ça à temps perdu, en parallèle à mes autres tâches, puis c’est devenu à temps plein ces trois dernières années, note le technicien. On parle ici de 70 à 80 caisses de matériel audiovisuel sous différentes formes, c’est énorme! Le gros défi a été de trouver des équipements pour lire tout ça, des cassettes vidéo d’une

quarantaine d’années, des rubans magnétiques audio, etc. Il fallait réussir à lire les documents sans les briser. Heureusement, je suis un patenteux, j’ai réussi à jumeler des machines ensemble pour former des appareils capables de répondre à mes besoins. Pour lire certaines cassettes VHS particulièrement abîmées, j’ai eu la chance de trouver une vieille machine médicale pour faire les échographies. »

Établir un plan de match

Face à ce défi de taille, Louis Lamontagne s’est gratté la tête un moment. « Tout ce chantier d’archivage, on ne le fait pas pour nous, on le fait pour le suivant, pour la postérité, commente-t-il. À la base, mon gros questionnement était d’identifier à l’aide de quel standard j’allais stocker tout ça. Des fichiers audio, d’autres vidéo, il fallait tout transformer en numérique de manière à ce que le matériel traverse le temps. En m’inspirant de ce qu’ils font au Congrès des États-Unis et au Smithsonian Museum entre autres, j’ai donc choisi un standard qui ne réinvente pas la roue, mais qui permettra de conserver la qualité, tout en demeurant pérenne. »

Le technicien a finalement opté pour le format H264, un codec assez universel en vidéo, et le MP3 pour les fichiers audio. « De cette façon, je suis certain que dans 10 ans, n’importe quel programmeur pourra créer quelque chose qui décodera ces documents. Ça peut même se faire directement en ligne. J’ai choisi l’open source pour m’assurer que tous les contenus sont toujours lisibles au fil du temps. Ça demande énormément d’espace serveur, on parle ici de 64 térabits au total. »

Étant à l’aube de sa retraite après une carrière de 33 ans au Musée, M. Lamontagne confiera bientôt le travail de catalogage à une collègue. « Je suis satisfait, j’ai atteint mon objectif de partir en ayant terminé de tout numériser et de faire le ménage des doublons pour faciliter la tâche à mon successeur. »

Rédactrice 

Mélanie Larouche

Passionnée de journalisme et de rédaction de tout acabit, Mélanie ne recule devant rien pour nourrir ses connaissances d’informations diverses qu’elle s’efforce de rechercher auprès de sources crédibles et actuelles. Elle aime les gens, elle aime la vie, et ses écrits en témoignent par son style vivant et dynamique, qui accroche et inspire. Diplômée en journalisme (ATM Jonquière) puis en communication et relations publiques à l’Université Laval, Mélanie cumule un vaste bagage d’expérience qui lui vaut une belle réputation. Ses compétences variées et ses qualités professionnelles sont recherchées et mises à profit tant auprès des PME que des grandes organisations. L’éducation, l’innovation et les technologies, l’entrepreneuriat, l’environnement et l’engagement social, elle touche à de multiples univers et aime contribuer à sa façon à les mettre en lumière.

À propos de Documenter la transformation numérique

Dans le but de mettre en valeur l’expertise acquise à la suite de la mise en œuvre de sa stratégie numérique 2019-2022, le Musée de la civilisation propose une série de billets. Ces billets ont pour objectif de documenter la transformation numérique et de partager la démarche de réalisation de certains projets. Le présent texte fait partie de cette série.