1 novembre 2024 Documenter la transformation numérique Le chantier de la bibliothèque du Séminaire de Québec
Par Mélanie Larouche
Inventorier et cataloguer quelque 185 000 livres et imprimés, dont plusieurs sont des documents rares et très anciens datant d’aussi loin que du 13e siècle… c’est à ce défi colossal que se sont attaqués l’archiviste Peter Gagné et son équipe, à l’été 2022. Ce « chantier de la bibliothèque du Séminaire » poursuit l’objectif de pérenniser les précieuses collections que le Séminaire a le privilège de détenir depuis des décennies, voire des siècles, et de mettre en place une stratégie de conservation préventive.
De véritables petits bijoux se cachent dans les étagères de la bibliothèque du Séminaire de Québec, réputée à travers le monde dans les milieux de la muséologie et de la recherche scientifique. À elle seule, l’odeur de ces ouvrages témoigne de leur impressionnant bagage historique, parmi ceux-ci, une impressionnante Bible datant de 1481, l’une des premières éditions de la Bible imprimées en Europe, ainsi que les plans détaillés de la tour Eiffel, préparés par Gustave Eiffel lui-même.
Stratégie et minutie
Les techniciens et techniciennes en muséologie et en documentation qui gravitent autour de ce laborieux projet s’appliquent jour après jour à un véritable travail de moine. Officiellement, le chantier de la bibliothèque du Séminaire a démarré le 11 juillet 2022, mais devant l’ampleur de la tâche, une période de réflexion stratégique s’est avérée nécessaire. « Par où commencer? Nous avions devant nous un système de classement par thématique datant de 1865, expliquent d’entrée de jeu Peter Gagné et sa fidèle acolyte, la conservatrice Ambre Sibuet-Masson. Théologie, sciences, médecine, mathématiques, philosophie, littérature, musique, il y a de tout dans cette bibliothèque, même une section « Enfer » regroupant des livres proscrits par le clergé. À travers cela, quelques livres déposés ici et là, bric-à-brac, dont l’existence était inconnue de tous, puisque mal classés ni catégorisés. On en a fait de belles découvertes, je peux vous le dire! »
Seulement près du tiers du travail de catalogage numérique était fait, ce qui limitait la recherche et la valorisation des connaissances. « Et c’est sans compter les conditions physiques de conservation qui sont inadaptées pour une collection aussi précieuse, note Peter Gagné. Le bâtiment est très ancien, les rayonnages surchargés et inadaptés, tout cela mettait en péril de nombreux ouvrages dont plusieurs sont dans un état de conservation critique. »
Fixer une méthodologie
Plusieurs scénarios ont été avancés avant de mettre enfin le doigt sur celui qui convient le mieux. « La stratégie a changé à quelques reprises et sa mise en place a été plutôt longue, il n’y avait pas de recette idéale, explique l’archiviste et coordonnateur du chantier. De ce fait, le chantier a réellement pris son élan en octobre 2022. On a décidé de prioriser la mise à plat des livres les plus mal en point pour freiner leur détérioration. Par la suite, l’idée générale derrière le système en implantation est de faire le pont entre l’entité physique de chaque ouvrage et sa version classifiée numériquement. »
Il faut dire que ce chantier fait faire un bond vertigineux au classement et au catalogage des ouvrages, passant de petites fiches cartonnées, dactylographiées et annotées au crayon de plomb, à la numérisation de tout le système. Ajoutant une pression supplémentaire sur ce vaste chantier, un déménagement temporaire de toute cette bibliothèque est prévu en 2025 pour permettre la remise aux normes des lieux patrimoniaux actuels.
De valeureux objectifs
Rappelons que le chantier de la bibliothèque du Séminaire poursuit les objectifs de conservation préventive, de catalogage et de traçabilité de tous les ouvrages qu’elle contient. Créée par Monseigneur de Laval en 1678, la bibliothèque du Séminaire de Québec a accumulé des objets, des archives et des livres rares et anciens (voire uniques) qui forment aujourd’hui les trois grandes collections du Musée de l’Amérique francophone. Ce projet de pérennisation a obtenu, en juillet 2020, l’appui financier du ministère de la Culture et des Communications. Il s’inscrit parmi les chantiers de conservation des archives du Musée de la civilisation, qui inclut les Collections en ligne et la numérisation des documents audiovisuels
Rédactrice
Mélanie Larouche
Passionnée de journalisme et de rédaction de tout acabit, Mélanie ne recule devant rien pour nourrir ses connaissances d’informations diverses qu’elle s’efforce de rechercher auprès de sources crédibles et actuelles. Elle aime les gens, elle aime la vie, et ses écrits en témoignent par son style vivant et dynamique, qui accroche et inspire. Diplômée en journalisme (ATM Jonquière) puis en communication et relations publiques à l’Université Laval, Mélanie cumule un vaste bagage d’expérience qui lui vaut une belle réputation. Ses compétences variées et ses qualités professionnelles sont recherchées et mises à profit tant auprès des PME que des grandes organisations. L’éducation, l’innovation et les technologies, l’entrepreneuriat, l’environnement et l’engagement social, elle touche à de multiples univers et aime contribuer à sa façon à les mettre en lumière.
À propos de Documenter la transformation numérique
Dans le but de mettre en valeur l’expertise acquise à la suite de la mise en œuvre de sa stratégie numérique 2019-2022, le Musée de la civilisation propose une série de billets. Ces billets ont pour objectif de documenter la transformation numérique et de partager la démarche de réalisation de certains projets. Le présent texte fait partie de cette série.